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OMC Paysans français et africains: "pas d'accord plutôt qu'un mauvais accord"

Agriculteurs français et africains ont souhaité que la prochaine conférence de l'OMC à Hong Kong du 13 au 18 décembre, s'achève "sans accord" plutôt que sur "un mauvais accord", regrettant la priorité donnée au commerce et à la libéralisation des échanges agricoles.

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"Il vaut mieux qu'il n'y ait pas d'accord plutôt qu'un mauvais accord", a affirmé mercredi Ndigou Fall, président du réseau organisations paysannes et des producteurs agricoles de l'Afrique de l'Ouest (ROPPA), lors de la première journée de la conférence "les paysans prennent la parole" à Paris. "La conclusion d'un accord à la conférence de l'Organisation mondiale du Commerce à Hong Kong est essentiel pour la planète mais ne doit pas se faire à n'importe quel prix", a renchéri René Carron, président de Crédit Agricole SA, qui s'exprimait en tant que président de la Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM). "Aujourd'hui le commerce prend le pas sur l'alimentation. Alors que la vraie question, c'est comment améliorer la situation des 2 milliards de personnes qui sont dans en état de sous-alimentation chronique et des 800 millions d'hommes et de femmes qui souffrent de la faim au quotidien", a déploré le président des Jeunes Agriculteurs (JA) français, Bernard Layre. "A l'horizon 2050, avec une population mondiale qui pourrait atteindre 9 milliards d'habitants, la production agricole mondiale devrait être multipliée au moins par deux pour que les besoins alimentaires vitaux soient satisfaits".

Or, selon une étude de la Banque Mondiale, citée par M. Layre, "dans une hypothèse de libéralisation totale des échanges agricoles, les revenus agricoles en Europe baisseraient de 26% et dans le même temps, ceux des pays en développement augmenteraient de 3%". Mais, a lancé M. Layre, "ce sont les agriculteurs des pays les moins avancés, et notamment d'Afrique, qui seraient alors les plus pénalisés, avec des baisses de revenu comprises entre 30% et 50%" alors que "les revenus agricoles des pays comme le Brésil ou l'Argentine, considérés comme des pays en développement, augmenteraient de 30%".

Cette position des agriculteurs français diffère de celle du gouvernement de Dominique de Villepin. En effet, la ministre française déléguée au Commerce extérieur, Christine Lagarde, a estimé mardi devant l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef), qu'un échec à Hong-Kong "serait redoutable pour le développement des (50, ndlr) pays les moins avancés". "Si on n'y arrive pas, si le multilatéralisme ne fonctionne pas, (...) cela veut dire que les pays vont se mettre à négocier des accords au mieux régionaux, et plutôt bilatéraux, où traditionnellement c'est la règle de droit, instrumentée par le plus puissant, qui triomphe", a expliqué la ministre.

La seule note discordante de la journée de mercredi a été apportée par Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), qui a dénoncé la "vision apocalyptique" que donnent certains de l'après Hong-Kong. Pour M. Camdessus, il vaut mieux se concentrer sur la productivité agricole des pays les plus pauvres pour "se rapprocher le plus possible" des Objectifs de développement du Millénaire, auxquels la communauté internationale s'est engagée lors d'un sommet des Nations Unies en 2000: réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de ceux qui vivent avec moins d'un dollar par jour et ceux qui souffrent de la faim. La conférence ministérielle de l'OMC vise à faire progresser le cycle de négociations lancé à Doha en 2001, avant une conclusion espérée à la fin de 2006.

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